Comment je produis le podcast Des Ondes Vocast

Anthony Gourraud
10 min readOct 30, 2020

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Studio que j’ai aménagé pour réaliser Des Ondes Vocast

Des Ondes Vocast est un podcast sur le monde de la radio : actualités, innovation, archives. Voici par quelles étapes je passe pour produire un épisode tous les mois.

Le podcast a été lancé en août 2018 et depuis j’ai assez peu changé ma façon de faire. Ce qui suit n’est pas forcément un exemple à suivre, libre à chacun de s’en inspirer ou non …

Avant de se lancer : définir les raisons d’être de l’émission

Passionné par les médias, j’étais frustré de ne pas trouver de podcasts traitant du secteur radiophonique. De plus, étant récemment diplômé, j’avais très envie de partager avec différents professionnels autour de l’actualité, l’innovation et l’histoire de la radio. C’est surtout par passion que j’ai décidé de me lancer dans la production d’un tel podcast. Je le fais sur mon temps libre.

Avant tout, j’ai défini mon audience cible, étape indispensable pour clarifier les intentions du projet. Mes trois “personas” sont : les auditeurs “fana”, les étudiants des milieux audiovisuels et les pros du secteur. J’ai totalement conscience que Des Ondes Vocast ne peut qu’être un podcast “de niche”, mais la communauté visée est tout de même assez large à mon sens, à en croire le nombre de visiteurs au Salon de la Radio chaque année par exemple.
Se pose ensuite la question de la proposition de valeur, ce que ce podcast veut apporter aux auditeurs. Ma volonté initiale était de parler du média au sens large : de la création des réseaux dans les années 80 et 90 aux approches “smart radios” des plateformes de streaming.
Le concept global défini, je me suis ensuite questionné sur la forme des émissions, sur la structure des épisodes. J’ai misé sur un rythme mensuel, une nouvelle publication le premier jour de chaque mois, avec un format “talk”/“roundtable”. Une partie actu et débat avec des extraits sonores, suivie optionnellement d’un édito innovation, puis une chronique historique (avec archives) pour terminer. Des intervenants sont invités à chaque épisode, ce n’est jamais la même équipe autour de moi.
Niveau timing : 10 à 30 minutes par partie, pour avoir un ensemble d’environ 45 minutes.

De la préparation à la publication

Avant d’enregistrer mon tout premier épisode, j’ai d’abord cherché à constituer une base d’éléments sonores (jingles, bed, …) pour construire l’identité du podcast Des Ondes Vocast.
“Radiostars” est un film français sur le monde de la radio ; j’ai décidé de me baser sur le générique de fin (Rob — “It’s A Blast”) pour l’habillage musical. Je me suis procuré des effets sur des sites comme ZapSplat pour réaliser les sweepers. J’ai pu rentrer en contact avec une superbe voix off : Estelle Hubert. C’est elle qu’on entend au début de chaque épisode et de chaque partie.

Pour chaque émission que j’enregistre, je suis un script qui dispose globalement de la même structure depuis le premier épisode. Les éléments sonores sont clairement identifiés dans le script. J’écris quasi-intégralement toutes mes prises de parole dans ce script. Je laisse parfois un peu de place à l’improvisation, mais en règle générale je lis mot pour mot le texte du script que je prépare sur Google Doc.
J’utilise Airtable pour la gestion de projet ; cela me permet de classer les différentes thématiques, intervenants et états d’avancement des épisodes.

Peut-être que plus tard je me tournerais vers Podcave, une solution taillée sur mesure pour coordonner efficacement les étapes de production d’un podcast.

Il y a en général trois parties pour chaque nouvelle édition, publiée le premier jour de chaque mois.
Pour la première partie, axée autour de l’actualité du secteur radio/podcast, je cherche un sujet qui m’intéresse et des invités que je contacte. Dès que j’ai la confirmation des intervenants, j’écris sur le script l’ensemble des points que je veux évoquer. Quand il s’agit d’une “interview”, les réponses sont spontanément données par l’invité, mais quand il s’agit plutôt de faire un focus sur une thématique (ex : analyse des émissions radio de rentrée), c’est intégralement préparé et donc écrit avec l’intervenant.
Pour rythmer et illustrer les propos, je prépare entre 3 et 5 extraits (live ou podcast), qui durent entre 30 secondes et 2 minutes.
Pour la partie suivante, traitant d’innovation média, c’est souvent un billet éditorial que je conçois de A à Z, une version audio d’un article texte que je poste sur blog.vocast.fr. Selon les cas, je peux être seul ou bien avec un intervenant à mes côtés pour rendre la partie plus digeste à écouter.
Et enfin, pour la partie Archives, il arrive qu’un même sujet soit traité sur plusieurs épisodes. Par exemple, l’histoire de Fun Radio a été développée en série sur 4 épisodes (j’espère de cette façon travailler sur la rétention de l’audience, donner envie d’écouter l’épisode suivant). De la même façon que pour la partie “Actu”, je cherche un invité puis j’écris un script avec extraits d’illustration. Les archives radiophoniques sont beaucoup plus compliquées à trouver, et j’essaie le plus possible de me procurer des sons inédits pour apporter une plus-value à chaque émission.
Une fois les trois parties constituées, j’écris une introduction et une séquence pour la fin.
En général, le script est prêt avant le 20 du mois, c’est-à-dire 10 jours avant la date de publication. Préparer un script peut me prendre de nombreuses heures, cela dépend beaucoup des sujets. Je dirais que je consacre entre 2 et 5 heures par partie. Dans certains cas, notamment concernant la triche possible avec la mesure certifiée des podcasts, cela me prend plusieurs dizaines d’heures.

En tout cas j’essaie d’enregistrer le plus tôt possible, histoire de me donner du temps pour éventuellement modifier le programme en cas de pépins. Je m’arrange d’ailleurs pour avoir toujours du contenu d’avance, à intégrer à l’épisode si tout ne se passe comme prévu.

Le montage se fait ensuite généralement le week-end avant la date de publication. Je consacre environ 2h30 de mon temps pour 30 minutes de rushs. C’est une moyenne et dépend de la qualité des enregistrements : si on a dû “refaire des prises”, s’il y a eu beaucoup d’hésitations ou de cafouillages dans les prises de parole, s’il faut faire de nombreuses coupes… J’essaie de faire un montage de sorte à fournir aux auditeurs le meilleur rendu possible. Je laisse très peu de moments de “blanc”. Il m’arrive de couper des longs passages que je trouve finalement peu pertinents pour l’auditeur. Il faut tout faire pour que ceux qui écoutent ne zappent pas, et donc chaque seconde doit être intéressante et agréable à écouter !
J’appliquais un traitement de son avec T-Racks auparavant, mais je ne le fais plus car avec les différents extraits (actuels et archives) l’opération devenait fastidieuse pour que le résultat soit satisfaisant.
En tout cas, le montage et la post production sont des étapes à ne pas négliger, au risque de ruiner une émission, aussi “bonne” soit-elle.

Quand l’épisode est trop long, ou quand j’ai un contenu déjà prêt pour l’épisode prochain, je propose une partie auprès des abonnés payants Des Ondes Vocast, via le flux Des Ondes Vocast Premium. Cet édito en version audio est d’ailleurs en version Premium car l’épisode du mois de novembre 2020 dépassait les 50 minutes avec seulement les 2 parties “actus” et “archives”.

Niveau équipement…

Le matériel nécessaire dépend beaucoup du format du podcast. Puisque plusieurs personnes sont amenées à intervenir, j’ai acheté une table de mixage avec quatre entrées micro. J’ai opté un peu par hasard pour le modèle Sound­craft Notepad-12FX. J’ai également pris quatre micros Shure SM58. Les micros sont tenus par des pieds Stagg MIS 1110BK (ils sont un peu lourd, mais au moins les micros sont stables !).
Pour diverses raisons, je cherchais à relier ma table de mixage et mon ordinateur non pas directement en USB, mais via une carte son. Le modèle Komplete Audio 6 MK2 (4 entrées et 4 sorties) a fini par me satisfaire.
J’ai aussi acheté divers casques. J’utilise principalement un DT-770 Pro, référence qu’on retrouve dans de nombreux studios de radios par ailleurs. Les casques sont reliés à la table de mixage grâce à un ampli casque. Je cherchais quelque chose d’ultra compact, le Behringer MICROAMP HA400 semblait faire l’affaire mais je compte prendre un autre modèle plus tard, car la qualité ne semble pas au RDV.
Bien entendu, pour relier tout le matériel il faut des câbles XLR et RCA. Pour l’anecdote, j’ai pris des câbles de couleur pour les micros, accordés à la couleur des bonnettes (une verte, une bleu, une rouge, une noire). Cela me permet de n’avoir aucun doute sur la correspondance entre la voie sur ma table de mixage et le micro qui y est relié.
En période de crise sanitaire, les enregistrements se font à distance. Mais sinon tout se fait le plus souvent dans mon studio (chez moi). Ce studio est aménagé dans une pièce qui n’est pas idéalement isolée, mais je ne ressens pas le besoin d’avoir des mousses acoustiques sur les murs.

J’ai été amené à enregistrer en extérieur. La première fois, j’ai utilisé un dictaphone Zoom H2N pour une émission en mode “micro trottoir”. Cela ne m’a pas convenu. J‘ai alors décidé d’apporter avec moi le matériel de mon studio. Mais… pas pratique de tout débrancher et rebrancher.
J’ai eu l’occasion de tester des solutions “tout en un”, un peu plus légères : Rodecaster Pro et Zoom Livetrak. J’ai largement préféré la deuxième table, me paraissant plus solide et moins gadget comparée à la première. Dans les deux cas, l’ampli casque est intégré et il est possible de réaliser des enregistrements sur carte SD (ce qui permet donc de se passer d’ordinateur).

Les services et logiciels que j’utilise

Je préfère enregistrer les émissions dans les conditions du direct, et donc les sons que je diffuse sont préparés et lancés en live, à l’aide d’un “cartouchier” (un logiciel très basique nommé Jingle Palette). Mon ordinateur portable dispose d’un écran tactile, c’est plus sympa qu’avec la souris !
Lorsque je reçois des intervenants à distance, j’utilise Zencastr ou Source Connect Now pour que l’invité puisse rejoindre l’enregistrement sans complications (un simple navigateur web suffit, pas d’inscription et/ou d’installations requises). Il est possible d’enregistrer en local, avec des pistes pistes séparées, c’est très pratique.
J’enregistre et je réalise le montage avec Audacity. J’ai testé pas mal d’autres alternatives : Adobe Audition, Reaper, Hindenburg… Mais finalement je ne fais rien de très avancé et je me suis rendu compte que j’allais plus vite avec Audacity. Pour des productions plus complexes, je me tournerais très certainement vers les autres solutions.
Ensuite j’utilise Auphonic, un service de post production audio me permettant d’obtenir une “loudness” de -16 LUFS, comme demandé par Apple Podcasts. Auphonic poste automatiquement l’épisode normalisé sur Spreaker, l’hébergeur que j’ai sélectionné pour héberger le podcast. Auphonic génère aussi automatiquement un audiogramme, une version vidéo de l’épisode, et publie le résultat sur Youtube.

J’ai développé un service me permettant d’automatiser au maximum les publications.
J’avais envie de tester un concept consistant à proposer plusieurs fluxs RSS, permettant aux auditeurs de pouvoir écouter Des Ondes Vocast que par extraits de parties en plus des émissions intégrales. J’ai donc conçu un ensemble de scripts permettant d’extraire les chapitres pour en faire des épisodes à part. C’est franchement du bricolage, et pas forcément pertinent, mais je me plais à faire de la sorte.
Côté web, je n’utilise pas de CMS type Wordpress pour mon site. vocast.fr est développé en HTML avec un langage de templating, “Nunjucks”. J’utilise Netlify pour héberger gratuitement mon site en “statique”. J’inscris manuellement des informations comme les descriptions dans une base de données hébergées sur Amazon Web Services. Je verse les “assets” (c’est-à-dire les images d’illustration et fichiers audio) sur S3, un service de stockage de fichiers proposé également par Amazon. Je compte revoir et simplifier en profondeur tous ces aspects technologiques dans les prochains mois…

Sur le plan de la diffusion, Des Ondes Vocast est disponible partout : Apple Podcasts, Google Podcast, Spotify, Deezer, TuneIn, etc. L’hébergeur de podcasts Spreaker me génère un fil RSS, dont l’URL est à soumettre auprès des différentes plateformes après avoir publié le premier épisode. Une seule opération est à effectuer ; par la suite, tout se met à jour automatiquement.

Une fois un nouvel épisode en ligne, il faut fournir un certain effort de communication pour qu’il soit écouté ! En réalité, je reconnais ne pas suffisamment faire le nécessaire pour avoir une stratégie de communication efficace. Réaliser des communiqués de presse et les envoyer auprès de journalistes influents (si possible spécialisés dans la thématique du podcast) est une des techniques les plus bénéfiques, mais ceci demande d’avoir un bon réseau.
J’utilise juste Twitter, quelques tweets chaque semaine sont préparés en amont et envoyés via Hootsuite ; parfois je les accompagne d’illustrations que je réalise avec Canva.
Certains intervenants ont une communauté large et active, et un simple message concernant leur participation à une émission amène un trafic significatif. Reste alors à transformer cette nouvelle audience en audience régulière…

Pour terminer, j’ajouterais que depuis le début de l’année 2020 je produis des “web stories” (format AMP story) pour chaque nouvel épisode : c’est un format innovant donnant un aperçu graphique en quelques slides des sujets traités dans un épisode. Je teste pour voir si cela a un impact SEO positif, si cela me ramène du trafic, et si cela me permet de faire grossir mon audience.

Voilà pour les coulisses de production du podcast Des Ondes Vocast ! N’hésitez pas à donner votre avis, ou dites-moi comment vous vous y prenez pour produire vos émissions : contact@vocast.fr ou via Twitter (@AnthonyGourraud)

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Anthony Gourraud
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Written by Anthony Gourraud

DevRel @OKP4 — Blockchain engineer. Prev: Innovation media (radio/podcast) @Mediameeting & @DesOndesVocast

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