5 modèles de monétisation pour les podcasts

Anthony Gourraud
5 min readMay 1, 2019

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Podcasts : différentes possibilités de monétisation

[Dernière MAJ : octobre 2019]

Les producteurs de podcasts n’ont pas forcément tous envie de générer des revenus avec leurs contenus. Mais quand l’audience est au rendez-vous, il est naturel de songer à rentabiliser ses productions. Selon la ligne éditoriale et la communauté visée, certaines façons de faire sont meilleures que d’autres. Tour d’horizon des différents moyens de gagner de l’argent avec ses podcasts.

1- Placement de spots publicitaires, contenus de marques, affiliations

Comme pour la radio, le financement par la publicité est un modèle courant. Juste quelques secondes séparément ou faisant partie intégrante du contenu (“brand content”), en programmatique ou incrusté directement au sein de l’épisode, spot produit à part ou message publicitaire dicté par une des voix de l’émission (“host read”), le sponsoring s’avère particulièrement efficace auprès des auditeurs de podcasts.
L’écoute y est plus active et le taux d’engagement plus fort, comparé aux spots placés au sein des écrans publicitaires des radios. Cependant, il faut faire attention à ce que l’annonce soit pertinente pour l’audience adressée.

A Million Ads a annoncé début avril 2019 “Studio:Podcast”, une technologie qui permet d’améliorer l’expérience publicitaire au sein des podcasts. L’outil permet la diffusion en programmatique de spots personnalisés en fonction du contexte d’écoute et du profil de l’auditeur : météo, géolocalisation, etc. En France, Audion propose une offre analogue, basée également sur ce qu’on appelle “DCO” (Dynamic Creative Optimization).

Mais honnêtement, en tant qu’auditeur, je dois avouer que je préfère quand la publicité s’inscrit totalement dans la ligne éditoriale du podcast.
Je me souviendrais toujours de la mise en avant des matelas Casper dans Studio 404, le podcast sur la vie numérique. Chaque début d’épisode où il était question d’énoncer le sponsor était drôle, en phase avec le ton et l’humour habituels de l’équipe du Studio 404.

2- Les auditeurs paient pour le contenu : dons, abonnements

Le système de dons (tipping) est souvent utilisé pour financer ses créations. Il suffit de quelques auditeurs fidèles et engagés pour espérer être rentable, alors que la mise en place de réclames n’est envisageable que si le podcast fédère une grande communauté.
Tipeee et Patreon sont deux plateformes très prisées des producteurs de podcasts.

Même s’il est maintenant également financé par la publicité depuis septembre 2019 (cf ici en fin d’épisode et dans les commentaires), Patrick Beja était l’un des premiers français à vivre de ses émissions grâce à ses soutiens sur Patreon. Il a compris très tôt à quel point il est difficile de financer des podcasts, au-delà d’une entreprise personnelle. L’échec financier de NoWatch, un réseau de podcasts qu’il avait cofondé et qui est mort en 2013, misait sur la publicité. Actuellement, avec son projet FrenchSpin regroupant entre autres le podcast “RDV tech”, les auditeurs le soutenant ont accès à des contenus exclusifs et au flux sans publicité via un fil RSS Premium obtenu avec Patreon.

Les podcasteurs peuvent aussi proposer des offres d’abonnements. A titre d’exemple, j’expérimente depuis quelques semaines la publication d’épisodes payants avec un paywall géré via Podfan (Des Ondes Vocast Premium).

3- Utiliser le média podcast comme support marketing

Les podcasts produits en BtoC servent souvent de “vitrine” pour les agences proposant aux marques des prestations de conseils et de production. Ce média peut être également très utile dans la cadre d’une stratégie d’inbound marketing. Beaucoup d’entreprises, surtout celles exclusivement basées sur le numérique, ont un blog et/ou une newsletter qui apportent du contenu “utile” à l’internaute, tout en mettant en avant les produits qu’elles vendent.

Aucune raison de ne pas faire la même chose en audio, comme fait Twitter avec son podcast “Character Count” (liens via Podnews). A chaque épisode, on y retrouve une mise en avant d’un des clients du réseau social, décrit à chaque fois comme différent parce qu’il a fait preuve de créativité avec ses campagnes publicitaires sur Twitter.

Ici le podcast n’est pas le produit que l’on vend, mais le support qui fait vendre des services et/ou des produits de l’entreprise.

Notons qu’un podcast peut très bien devenir une marque à part entière, avec une déclinaison dédiée de goodies.
En effet, on peut noter que depuis 2017, le réseau de podcasts “Choses A Savoir” vend des livres.
Autres exemples : la boutique de Distorsion Podcast, ou celle du studio Bababam.

Un fan du podcast “Noises” avec son tee-shirt acheté sur la boutique de Bababam (Source : Twitter Bababam)

4- Faire payer la participation aux enregistrements, facturation pour des prestations événementielles

Vous pouvez gagner de l’argent en organisant des événements en lien avec votre podcast. Exemple le plus connu : “Binge en scène”. Après trois dates parisiennes, Binge Audio renouvelle l’expérience à Marseille et à Toulouse en novembre 2019. Au programme, du show mélangeant live et podcast. Les places coûtent entre 15 et 28 euros.

5- Accords de licences

Des plateformes comme Sybel, Spotify et Majelan paient des producteurs de podcasts pour avoir les contenus en exclusivité sur leurs plateformes. En cas de (très) gros succès, il est aussi possible de vendre une licence pour adapter son émission à la télévision ou sur les plateformes de streaming, comme cela a été fait pour ‘Homecoming’, le podcast américain créé par Gimlet.
Un podcast populaire peut aussi être traduit et diffusé en exclusivité dans un autre pays, comme c’est le cas avec “Business Wars” du studio américain Wondery, adapté en français par le groupe Prisma Media.

Deux exemples intéressants

  • Growth Makers est un podcast sur le growth hacking et le marketing, produit par Gabriel Gourovitch. Ce dernier utilise son podcast pour mettre en avant ses formations à destination des “salariés et fondateurs de startups ambitieux”. En montrant l’expertise qu’il a sur le sujet, son podcast lui permet de trouver de futurs clients pour son agence, Bryte.
  • Certains quotidiens misent aussi sur le podcast pour contrer l’érosion de leur diffusion print. Après le podcast “Parloir”, Midi Libre souhaite développer son offre de podcasts pour booster les abonnements numériques (en forte progression ces derniers mois).

Notes

Finalement, ces moyens de générer des revenus sont communs pour la plupart des médias sur le web. Cet article pourrait très bien être adapté pour les vidéos sur Youtube ou même pour un blog. Aujourd’hui en 2019, des personnes vivent aisément de leur activité sur Internet (qui aurait pu imaginer en 2007 que des “Youtubers” deviendraient riches grâce à leurs vidéos ?).

Mais il faut sûrement encore attendre quelques années avant que les podcasts deviennent très profitables. Mais qui sait, peut-être allons-nous connaître prochainement un équivalent français de Joe Rogan (qui gagne à priori $75,000 dollars par épisode) ?

Cet édito en audio

Cet article peut être écouté via le podcast Des Ondes Vocast.

Lien web de l’épisode : https://www.vocast.fr/desondes/s1e9.html

Des Ondes Vocast

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Anthony Gourraud

DevRel @OKP4 — Blockchain engineer. Prev: Innovation media (radio/podcast) @Mediameeting & @DesOndesVocast